dimanche 22 juillet 2012

Rosmarinus et Herbularium


Aux temps de Charlemagne, le "Capitulaire de Villis" (Capitulare de villis vel curtis imperii) est une ordonnance qui édicte à destination des domaines (villae) un certain nombre d'observances et de règles. En particulier, il contient une liste d'une centaine de plantes qui doivent y être cultivées. Le Romarin en fait partie, en compagnie de la sauge, du carvi, de la menthe, de la rue, de la guimauve, de la camomille, ... mais aussi de la roquette, des carottes, des blettes, des oignons, ... et encore des iris, des roses, .... Ce document constitue un témoignage remarquable sur les cultures de cette époque.

Autre document riche en enseignement sur le jardin monastique du Moyen-âge, le plan de la célèbre abbaye de Saint Gall, sur le lac de Constance, réalisé vers 820 sur cinq panneaux de parchemin cousus (1,12 m par 0,77 m environ), qui en montre une disposition idéale, avec le détail des cultures dessiné. S'y retrouvent :
  • L’herbularium ou jardin des simples réservé aux plantes médicinales,
  • L’hortus ou potager réservé aux légumes, 
  • Le viridarium ou verger, pour les arbres à fruits. 
Bien à l'abri de l'herbularium, tout à côté de l'infirmerie, le Romarin était cultivé dans les jardins monastiques bien au-delà de ses limites géographiques naturelles. Pour faciliter leur entretien, les plantes étaient cultivées sur des parterres surélevés et ceints de clôtures de bois tressé appelées plessisPourquoi ne pas introduire cette pratique médiévale dans votre propre jardin ?

Pour cela, sur le périmètre souhaité pour votre parterre, enfoncez des branches de châtaignier coupées à la longueur souhaitée, en les écartant de 30 à 40 centimètres. Puis servez-vous de rameaux souples d'osier, de noisetier ou de châtaignier pour créer un tressage entre ces piquets. Vous ferez passer les rameaux entre chaque poteau, une fois à l'extérieur, la fois suivante à l'intérieur, en inversant la trame à chaque rang. 

Pour avoir les conseils d'un spécialiste du plessis de châtaignier et aussi découvrir un charmant jardin d'inspiration médiéval, celui du Prieuré Notre-Dame d'Orsan, situé dans le Cher, faites un petit tour sur le lien suivant : Prieuré d'Orsan


Le Romarin en tant que plante aromatique faisait partie des jonchées, c'est-à-dire des plantes odorantes qui étaient répandues sur le sol en particulier lors des banquets pour assainir et parfumer l'atmosphère. Comme je doute que votre moquette ou que votre parquet flottant tolère un tel traitement, je vous propose une version modernisée à offrir à vos invités en fin de repas : une serviette parfumée au Romarin. Préparation : dans un plat creux, versez un demi-litre d'eau de source. Mettez-y à imbiber des petites serviettes carrées en éponge. Essorez bien ces serviettes, roulez-les très serrées et réservez-les. Versez le liquide dans le bas d'un cuit-vapeur et ajoutez-y des rameaux de Romarin (vous pouvez aussi utiliser 6 gouttes d'huile essentielle de Romarin officinal). Amenez à frémissement. Placez les rouleaux de serviettes quelques minutes sur la grille au-dessus de la vapeur odorante. Retirez les serviettes roulées avec une grande pince et apportez-les à vos invités posées sur un petit plateau. Très agréable pour se rincer les mains en fin de repas.

Mais n'oublions pas, qu'au-delà du plaisir de l'instant, le parfum du Romarin en a fait un encens propre à purifier les âmes et à dialoguer avec les dieux. Aussi, alors que se termine mon article sur le Romarin, voici  une invocation à sa mesure :

"Là où je demeure, que la conscience s'établisse,
que la vérité transparaisse"


Pour la suite de mon dictionnaire Z'Amoureux, j'aimerai vous présenter, un autre grand compagnon des Hommes, le Sureau.

Merci de votre visite et à bientôt !

Philomènement vôtre.

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