Cette charmante chaumière porte le doux nom de "la chaumière aux orties". Située sur la commune de La Haye-de-Routot (Eure), lieu de naissance du fameux festival "Orties Folies", elle a pour vocation de permettre à ses visiteurs de se familiariser avec les plantes sauvages et leurs différents usages. Ainsi vous pourrez y apprendre leur cueillette, leur transformation pour divers usages traditionnels et déguster des recettes nouvelles à base de plantes. Vous retrouverez les programme des animations sur le lien suivant la chaumière aux orties
Il y a fort à parier que vous pourrez y apprendre à fabriquer le fameux "Purin d'Orties" si utile dans les jardins et les cultures biologiques. Si vous souhaitez essayer par vous-mêmes, voici une recette garantie "véritable". Avant de commencer, je dois vous dire que ce "purin" est en fait une fermentation d'Orties (Urtica dioïca). Il ne doit en aucun cas évoluer vers le stade dit “de putréfaction” dégageant une très mauvaise odeur.
- Récipients de fabrication : plastique stable, cuve alimentaire inox.
- Mettez de 800 g à 1 kg d’Orties dioïques fraîches (ou de 90 à 120 g d’Orties sèches) dans 10 litres d’eau à ph neutre ou légèrement acide (eau de pluie correctement collectée par exemple).- Laissez macérer. Brassez chaque jour pour vérifier le début de fermentation qui se manifeste au bout de quelques jours, par l’apparition d’un tapis de petites bulles très homogènes.
- Surveillez la fermentation par un brassage quotidien. Lorsque la fermentation est terminée, le phénomène « tapis de bulles » disparaît. Filtrez soigneusement.
- Utilisez de suite ou stockez dans des récipients opaques, remplis à ras bord et soigneusement fermés (il vaut mieux remplir plusieurs petits récipients que vous utiliserez en une fois plutôt qu’un seul grand bocal qui, une fois ouvert, laissera entrer l’air, altérant le produit).
- Temps de fermentation : de 10 à 12 jours, selon la température ambiante (entre 15 à 25°C). Ce temps sera réduit en cas de forte chaleur et au contraire allongé par temps plus froid. Les fermentations sont généralement stoppées en dessous de 8 à 10 °C et au-dessus de 32 °C.
Vous utiliserez cette préparation après dilution dans une eau non chlorée : de 3 à 5 % d’extrait d’ortie, pour pulvérisation directe sur les végétaux, et jusqu’à 20 % dans l’arrosoir, pour distribution sur le sol. Ce purin d'Ortie va stimuler la croissance des végétaux, renforcer les défenses des plantes face aux maladies et aux invasions de parasites, lutter contre les carences minérales et présenter un caractère répulsif vis-à-vis de certains parasites.
D'autres plantes permettent des préparations bien utiles pour remplacer les pesticides. La loi les regroupe sous l'appellation de "PNPP", Préparations Naturelles Peu Préoccupantes. Pas de quoi s'inquiéter donc. Nous pouvons retourner tranquillement cultiver nos tomates. Et bien non, il faut croire que ce n'est pas si simple ! Et l'association ASPRO (Association pour la Promotion des PNPP) a du pain sur la planche pour faire évoluer les mentalités et influencer les décideurs pour qu'enfin puissent vivre les alternatives aux pesticides. Si une agriculture respectueuse de la nature et des êtres vivants vous intéresse, cliquez donc sur le lien suivant ASPRO.
Mais l'Ortie n'a pas encore tout dit, car en plus d'être une plante goûteuse dans l'assiette, bonne pour la santé des hommes, des animaux (introduit en complément dans l'alimentation des chevaux, vaches, poules, elle leur fait l'oeil vif et les poils et plumes brillants), et des jardins, elle possède des qualités textiles indéniables. Ce n'est pas si étonnant lorsque l'on sait que notre Ortie indigène est cousine de la Ramie (genre Boehmeria, famille des Urticacées), qualifiée par certains de "soie végétale". Ainsi le poète Thomas Campbell (1777-1844) a-t'il écrit : "En Angleterre, j'ai mangé des orties, j'ai dormi dans des draps d'ortie et dîné sur une nappe d'ortie." Le seul défaut de notre Ortie est que les brins obtenus sont un peu courts par rapport à d'autres plantes textiles.
Des industriels novateurs de notre 3ème millénaire se sont penchés sur les qualités textiles de l'Ortie, soit en utilisant notre Ortie dioique, soit en cultivant des cousines plus hautes et non urticantes. L’ortie a de gros avantages par rapport au coton car sa culture se fait sous nos climats et sans exigence particulière. Le tissu obtenu est très isolant car les fibres étant creuses, elles conservent une certaine quantité d’air qui protège du froid ou du chaud. Ce caractère isolant peut être modulé en écrasant plus ou moins la fibre. Ce tissu est aussi très résistant et permet donc de fabriquer un tissu très fin. Ainsi certaines sociétés commencent sérieusement à s'y intéresser. Soyez attentifs, l'Ortie fait bien partie des textiles "révolutionnaires".
L'entreprise NETL au Pays-bas propose une collection taillée dans des textiles qui intègrent de l'Ortie |
Et maintenant, si vous voulez jouer à "Ötzi, l'homme des glaces", vieux de 5 000 ans, sachez que vous devrez utiliser, comme lui, de l'Ortie pour fixer vos pointes de flèches sur leurs hampes. Allez, on y va ! Armez-vous d'un bon couteau de jardinier et coupez de longues tiges d'Ortie au moment de la floraison ou après. Débarrassez-les de leurs feuilles. Avec votre ongle, ouvrez-les en 2 puis en 4. Séparez les parties fibreuses externes du coeur plus dur de la tige. Vous tresserez entre eux les brins fibreux obtenus. Avec cela vous aurez une "ficelle d'Ortie" d'une grande solidité.
Vous voyez que l'Ortie fait bien partie des plantes que l'ethnobotaniste Pierre Lieuthagi qualifie de civilisatrice, tant est grande leur importance pour l'homme depuis la nuit des temps. Ces plantes sont précieuses. Elles ont encore à nous apprendre si on leur accorde suffisamment d'attention. Soyez vous aussi des amis de l'ortie. "Car les compagnes des débuts, les civilisatrices, celles qui à leur détriment ont porté les sociétés jusqu'au point d'ingratitude absolue, peuvent les aider maintenant à devenir plus lucides. pour autant qu'il y ait toujours la lisière au bout du champ, la limite franchissable vers de nouveaux gestes créateurs."
En quelques années, l'Ortie est devenue le symbole de luttes aussi variées que celles contre l'uniformisation de nos modes de penser culturels et agriculturels, la confiscation de notre biodiversité, les réglementations outrancières, la marchandisation de nos vies.
Aussi pour finir cet article Z'amoureux, j'aimerai attribuer à notre Urtica dioica, notre digne et humble Ortie, la devise suivante, tiré du texte "Indignez-vous" de Stéphane Hessel :
"Résister, c'est créer
Créer, c'est résister "
Dans la suite de mon dictionnaire Z'amoureux, j'aimerai maintenant vous emmener au pays magique de "V" comme Verveine.
Merci de votre visite et à bientôt !
Philomènement vôtre.
Les piquants sont sur les feuilles ou les tiges ? On est obligé de prendre des gants pour fabriquer notre "ficelle" d'ortie ?
RépondreSupprimerPour les premières étapes, c'est-à-dire pour couper la tige, puis pour enlever les feuilles et ramilles en "raclant" la tige avec le couteau, il faut prendre des gants (l'Ortie est susceptible !). Ensuite pour rendre les tiges inoffensives, il suffit de bien les frotter sur toute leur longueur toujours avec une main gantée, dans un baquet d'eau éventuellement pour les assouplir. Après ses opérations, il est possible de travailler à mains nues, tous les piquants ont disparus.
RépondreSupprimer