dimanche 25 août 2013

A la découverte du Jute


Mon arrière-grand-mère maternelle torréfiait le café. Je ne l'ai pas connue mais sa toute petite boutique est toujours là, devenue depuis une boulangerie. Dans ces époques où la majorité des gens ne s'éloignaient pas de plus de quelques kilomètres autour de leur domicile, les sacs de toile de jute contenant le café vert apportaient avec eux un parfum d'exotisme. L'Afrique et l'Amérique du Sud se faisaient plus proches tout en gardant leur mystère. Le rêve en sac, quoi.

Et il est vrai que le grand destin du jute fut ....le sac ! Sac pour le café mais aussi pour les pommes de terre et aussi pour le charbon sans parler des immenses sacs de courrier...un vrai allié de la maisonnée. Ses qualités de forte résistance à la traction, sa faible extensibilité lui ont permis de se faire une place de choix pour le stockage, l'emballage et le transports de matières très diverses. Mais nous verrons que le jute est une fibre naturelle très polyvalente et certaines utilisations  pourront vous étonner.



Le jute est extrait principalement de l’écorce du Jute blanc (Corchorus capsularis) et dans une moindre mesure du Jute tossa, appelé aussi la Corète potagère (Corchorus olitorus), plantes originaires de l'Inde orientale et de l'Afrique tropicale.

Le genre Corchorus se trouve dans la famille des Tiliacées dans la classification classique. Mais le petit monde des botanistes évoluant, un nouveau système de classification a vu le jour à la fin du XXe siècle, qui a pour ambition que le système de classification reflète au plus près les liens de parenté entre les espèces qu'elles soient actuelles ou éteintes. Cette classification dite "APG" se base donc sur l'analyse des gènes. Et voilà le genre Corchorus qui se retrouve alors rattaché à la famille des Malvacées ! Cela fait donc du Jute un lointain cousin des Mauves si fréquentes dans nos campagnes.

Mais si vous souhaitez vous faire un petit carré de Jute au fond de votre jardin, je vous arrête tout de suite. En effet, cette une plante des terres tropicales a besoin de chaleur et humidité au plus haut niveau ! Le Jute blanc (Corchorus capsularis) pousse principalement en Asie du Sud et plus particulièrement dans le delta du Gange partagé entre l’Inde (Bengale occidental) et le Bangladesh, où se concentrent entre 80% à 90% des cultures mondiales.



Le Corchorus olitorus a un autre destin. Car s'il est possible d'en tirer de la fibre de jute, cette plante est utilisée comme plante alimentaire dans de nombreux pays d'Afrique. Ce sont ses feuilles fraîches qui sont alors intéressantes. Une fois cuites, elles prennent une texture gluante très appréciée des connaisseurs (pour ceux qui seraient surpris par cette texture étrange, persévérez ou passez votre chemin !). Pour les conserver, on peut faire sécher les feuilles avant de les réduire en poudre et en assaisonner toutes sortes de plats. La "Mloukhia" (ou meloukhia) est notamment un plat traditionnel tunisien, souvent cuisiné au moment de la nouvelle année, symbolisant chance et bonne santé. Voici une recette pour 8 à 10 personnes, choisie parmi les nombreuses variantes existantes. Vous couperez en cubes 1 kg de viande de boeuf (de type joue, jarret, plat de côte) que vous ferez mariner  dans un saladier toute la nuit au réfrigérateur en compagnie de coriandre en poudre, ail en poudre, raz-el-hanout jaune, menthe séchée (1 cuillerée à soupe de chaque) et deux cuillerées d'huile d'olive. Le lendemain vous préparerez la fameuse sauce en mélangeant 1 bonne cuillerée à soupe par personne de Mloukhia en poudre dans environ 2 dl d'huile d'olive. A cela vous ajouterez progressivement et en remuant constamment de l'eau bouillante salée (jusqu'à 2 litres) en ayant soin de ne pas faire de grumeaux. Puis ajoutez 3 feuilles de laurier et laissez cuire à feu doux pendant une demi heure, tout en remuant régulièrement. Cela doit devenir bien onctueux. Ajoutez alors la viande et sa marinade, Mélangez bien et laissez cuire à feu doux pendant 1 ou 2 heures. La viande doit être parfaitement cuite et même "partir" en lambeaux. L'huile d'olive va remonter petit à petit à la surface : c'est le signe que la Mloukhia est prête à être dégustée !




Mais comment peut-on passer de la plante à la fibre de jute ? Sautons dans nos sac (de jute bien sûr !) pour une course jusqu'à la suite de mon Z'article où je vous exposerai tout cela !

Merci de votre visite et à bientôt !

Philomènement vôtre.


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