dimanche 28 juillet 2013

L'Hysope des médecins

Illustration de l'Hysope tiré du Taccuinum Sanitatis (14e siècle)

L'Hysope était une plante sacrée pour les Hébreux. Comme plante guérisseuse, elle faisait également partie de la pharmacopée des Nehemiah (nom hébreux des apothicaires et parfumeurs), en compagnie de l'Aloes, l'Armoise, le Balsamodendron, le Coloquinte, les noix de Caroubier, la Coriandre, le Fenouil, la Grenade, ....

Parmi les nombreux usages médicinaux qui ont pu être faits de l'Hysope, une grande constante est son utilisation en cas d'affections pulmonaires. Ainsi, on retrouve cette prescription dans la compilation de "conseils pour vivre longtemps" de l'Ecole de Salerne. Situé en Italie, Salerne fut un centre de soins et d'enseignements médicaux de haute renommée pendant le moyen-âge. Le "Regimen Sanitatis", ouvrage rédigé vers 1060 et largement recopié, traduit dans de nombreuses langues et diffusé jusqu'à la fin de la renaissance, se compose de petits poèmes didactiques en latin. Voici celui sur l'Hysope :

Hussopus est herba purgans a pectora phlegma ;
Ad pulmonis opus cum melle coquatur hyssopus ;
Vultibus eximium fertur praetare colorem.

Pour ceux qui ne sont pas des latinistes distingués, en voici la traduction en vers français faite par Charles Meaux Saint-Marc, dans une édition de 1860 :

L'Hysope du poumon purge le phlegme humide;
D'Hysope cuite au miel le poumon est avide,
Lorsqu'une toux chronique allume sa chaleur ;
L'Hysope du visage embellit la couleur.



Grâce à ses propriétés émollientes et expectorantes, L'Hysope officinale (Hyssopus officinalis) est encore utilisée de nos jours dans les cas de toux grasses voire oppressantes, avec fort encombrement des bronches. Pour l'herboriste Marie-Antoinette Mulot, "c'est un merveilleux expectorant, qui assèche, puis qui favorise la respiration par action sur les centres nerveux". Sous avis médical et avec toute la prudence qui s'impose pour cette pathologie, l'Hysope peut même être prescrite dans les cas d'asthme sécrétoire. Car son effet mucolytique se fait sans "effet rebond" contrairement à d'autres plantes aux propriétés fluidifiantes.

Son côté stimulant peut par ailleurs être bénéfique pour relever le tonus des personnes fatiguées par la toux. Mais par mesure de précaution, l'usage médicinale de cette plante est déconseillée pour les personnes à risques épileptiques. De plus les personnes nerveuses, les enfants et les femmes enceintes ne doivent l'utiliser qu'à petites doses.

L'Hysope se prend traditionnellement sous forme de tisane, que vous préparerez en laissant infuser pendant 10 minutes, hors du feu et à couvert, 1 cuillerée à café de plante sèche dans 1/4 de litre d'eau bouillante. Vous prendrez de 2 à 3 tasses par jour jusqu'à amélioration (en sucrant avec du miel si besoin).

En phytothérapie, il est courant de préconiser des mélanges qui permettent de bénéficier de la synergie de plantes aux propriétés complémentaires. Voici, à titre d'exemple, une "Tisane respiratoire autour de l'Hysope" pour soulager vos toux grasses et encombrantes de l'hiver. Pour composer cette tisane, vous mélangerez les plantes séchées suivantes : 20 g d'Hysope, 20 g de bourgeons de Pin, 10 g de semences d'Angélique, 10 g de Matricaire (Camomille allemande), 10 g de fleurs deTilleul, 10 g de Menthe poivrée et 10 g de Lavande fine. Vous préparerez votre tisane en faisant infuser pendant 10 minutes, hors du feu et à couvert, une cuillerée à soupe du mélange pour 1/4 de litre d'eau bouillante.

En usage externe, l'Hysope a également des propriétés résolutives et vulnéraires qui peuvent être utiles en cas de coups ou de chute. Vous pourrez appliquer sur les ecchymoses, y compris en cas de contusion des yeux, une "compresse imbibée d'une décoction d'Hysope" faite avec 25 g de plantes séchées pour 1 demi-litre d'eau. Pour préparer cette décoction, vous laisserez bouillir à petits bouillon pendant 2 à 3 minutes avant de laisser infuser.



Cette plante aromatique donne après distillation à la vapeur d'eau, de l'huile essentielle. Mais attention, suivant la variété de plante, il existe deux chémotypes dont l'un présente une toxicité avérée. En effet, l'huile essentielle d'Hyssopus officinalis ssp. officinalis, contenant une forte quantité de cétones, est neurotoxique et abortive. Elle est donc interdite à la vente sauf prescription médicale.

Il existe également de l'huile essentielle d'Hysope dite "couchée" Hyssopus officinalis var decumbens, à très faible quantité de cétones, qui contient du 1,8 cinéole et qui peut donc être utilisée pour les affections broncho-pulmonaires.

Des adeptes de l'aromathérapie énergétique prêtent à l'huile essentielle d'Hysope couchée la faculté de développer l'intuition. Ainsi si vous désirez être davantage inspiré, voici un petit "rituel inspiratoire" .  Dans un espace calme, vous pouvez vous asseoir sur le sol, en tailleur ou en lotus (ou bien sur une chaise le dos bien droit et les deux pieds bien posés au sol). Vous appliquerez 2 à 3 gouttes d'HE d'Hysope couchée mélangées à 2 à 3 gouttes d'huile végétale dans la paume d'une de vos mains. Après avoir frotté vos mains l'une contre l'autre, vous les amènerez devant votre visage et vous ferez quelques respirations profondes. Ensuite, vous placerez vos mains paumes l'une contre l'autre et vous monterez vos bras au dessus de votre tête (ou bien vous poserez simplement vos mains sur vos jambes, paumes ouvertes, si cela est trop inconfortable) et vous resterez quelques instants en silence. Chut ! Ecoutez votre Muse ....

Il est vrai que l'Hysope est une plante "inspirante" à tous les points de vue. Pour la fin de mon article sur l'Hysope, je vous invite à partir en poésie avec Verlaine.

Merci de votre visite et à bientôt !

Philomènement vôtre.


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