mercredi 31 juillet 2013

Moi qui ne suis qu’un brin d’Hysope


Asperges me

Moi qui ne suis qu’un brin d’hysope dans la main
Du Seigneur tout-puissant qui m’octroya la grâce,
Je puis, si mon dessein est pur devant sa face,
Purifier autrui passant sur mon chemin.
Je puis, si ma prière est de celles qu’allège
L’humilité du poids d’un désir languissant,
Comme un païen peut baptiser en cas pressant,
Laver mon prochain, le blanchir plus que la neige.....
Verlaine

Dans ce poème-prière, Verlaine exprime le désir de pouvoir, tel l'Hysope purificateur de la Bible, soulager son prochain de ses peines. Comme le présente Guy Fuinel dans son livre "Plantes de Dieu, plantes des hommes", c'est dans un état d'esprit similaire que sont encore fabriqués dans des monastères des élixirs de santé, avec la conscience que ce travail de mise à disposition de la richesse des plantes rend un hommage "à la Création et à son Auteur". Vous retrouverez l'Hysope notamment dans "l'Eau d’Émeraude". Cette préparation n'est pas destinée à être bue. On peut la prendre en gargarisme et bain de bouche. On l'utilise surtout en application locale, en compresse ou en friction. Madame de Sévigné en faisait déjà l'éloge après un accident de carrosse : "Je mets une Eau d’Émeraude si agréable que, si je ne la mettais pas sur ma jambe, je la mettrais sur mon mouchoir....[Cette Eau d’Émeraude] qui guérit, console et perfectionne tout, tout en sentant divinement bon". Vous pouvez en savoir plus en cliquant sur le lien suivant : Eau d'Emeraude".



Restons dans la tradition, tout en se tournant vers des valeurs très terrestres. Pour les amateurs de saveurs anciennes, il est possible de fabriquer avec cette plante une liqueur au goût un peu mentholé et un peu âpre que l'on aura plaisir à déguster glacée dans de tous petits verres dénichés dans les placards des aïeuls ou trouvés dans une brocante. Voici donc une recette de "Liqueur à l'Hysope". Vous ferez macérer une poignée de sommités fleuries d'Hysope dans 1 litre d'alcool à 90° pendant 15 jours. Puis après l'avoir filtrée, vous dédoublerez cette macération avec un sirop obtenu en faisant fondre à petit feu 500 gr de sucre dans 1 litre d'eau. Mettez en bouteille et laissez vieillir avant dégustation (avec modération bien sûr !).


Pour rester dans l'esprit de l'Hysope, je terminerai cet article Z'amoureux en dédiant à cette plante la  locution latine :

"Dum spiro spero",

"Tant que j'inspire, j'espère"


Pour la suite de mon dictionnaire Z'amoureux, j'aimerai maintenant discourir de "I" comme "Immortelle", une plante au parfum de vacances.

Merci de votre visite et à bientôt !

Philomènement vôtre.


dimanche 28 juillet 2013

L'Hysope des médecins

Illustration de l'Hysope tiré du Taccuinum Sanitatis (14e siècle)

L'Hysope était une plante sacrée pour les Hébreux. Comme plante guérisseuse, elle faisait également partie de la pharmacopée des Nehemiah (nom hébreux des apothicaires et parfumeurs), en compagnie de l'Aloes, l'Armoise, le Balsamodendron, le Coloquinte, les noix de Caroubier, la Coriandre, le Fenouil, la Grenade, ....

Parmi les nombreux usages médicinaux qui ont pu être faits de l'Hysope, une grande constante est son utilisation en cas d'affections pulmonaires. Ainsi, on retrouve cette prescription dans la compilation de "conseils pour vivre longtemps" de l'Ecole de Salerne. Situé en Italie, Salerne fut un centre de soins et d'enseignements médicaux de haute renommée pendant le moyen-âge. Le "Regimen Sanitatis", ouvrage rédigé vers 1060 et largement recopié, traduit dans de nombreuses langues et diffusé jusqu'à la fin de la renaissance, se compose de petits poèmes didactiques en latin. Voici celui sur l'Hysope :

Hussopus est herba purgans a pectora phlegma ;
Ad pulmonis opus cum melle coquatur hyssopus ;
Vultibus eximium fertur praetare colorem.

Pour ceux qui ne sont pas des latinistes distingués, en voici la traduction en vers français faite par Charles Meaux Saint-Marc, dans une édition de 1860 :

L'Hysope du poumon purge le phlegme humide;
D'Hysope cuite au miel le poumon est avide,
Lorsqu'une toux chronique allume sa chaleur ;
L'Hysope du visage embellit la couleur.



Grâce à ses propriétés émollientes et expectorantes, L'Hysope officinale (Hyssopus officinalis) est encore utilisée de nos jours dans les cas de toux grasses voire oppressantes, avec fort encombrement des bronches. Pour l'herboriste Marie-Antoinette Mulot, "c'est un merveilleux expectorant, qui assèche, puis qui favorise la respiration par action sur les centres nerveux". Sous avis médical et avec toute la prudence qui s'impose pour cette pathologie, l'Hysope peut même être prescrite dans les cas d'asthme sécrétoire. Car son effet mucolytique se fait sans "effet rebond" contrairement à d'autres plantes aux propriétés fluidifiantes.

Son côté stimulant peut par ailleurs être bénéfique pour relever le tonus des personnes fatiguées par la toux. Mais par mesure de précaution, l'usage médicinale de cette plante est déconseillée pour les personnes à risques épileptiques. De plus les personnes nerveuses, les enfants et les femmes enceintes ne doivent l'utiliser qu'à petites doses.

L'Hysope se prend traditionnellement sous forme de tisane, que vous préparerez en laissant infuser pendant 10 minutes, hors du feu et à couvert, 1 cuillerée à café de plante sèche dans 1/4 de litre d'eau bouillante. Vous prendrez de 2 à 3 tasses par jour jusqu'à amélioration (en sucrant avec du miel si besoin).

En phytothérapie, il est courant de préconiser des mélanges qui permettent de bénéficier de la synergie de plantes aux propriétés complémentaires. Voici, à titre d'exemple, une "Tisane respiratoire autour de l'Hysope" pour soulager vos toux grasses et encombrantes de l'hiver. Pour composer cette tisane, vous mélangerez les plantes séchées suivantes : 20 g d'Hysope, 20 g de bourgeons de Pin, 10 g de semences d'Angélique, 10 g de Matricaire (Camomille allemande), 10 g de fleurs deTilleul, 10 g de Menthe poivrée et 10 g de Lavande fine. Vous préparerez votre tisane en faisant infuser pendant 10 minutes, hors du feu et à couvert, une cuillerée à soupe du mélange pour 1/4 de litre d'eau bouillante.

En usage externe, l'Hysope a également des propriétés résolutives et vulnéraires qui peuvent être utiles en cas de coups ou de chute. Vous pourrez appliquer sur les ecchymoses, y compris en cas de contusion des yeux, une "compresse imbibée d'une décoction d'Hysope" faite avec 25 g de plantes séchées pour 1 demi-litre d'eau. Pour préparer cette décoction, vous laisserez bouillir à petits bouillon pendant 2 à 3 minutes avant de laisser infuser.



Cette plante aromatique donne après distillation à la vapeur d'eau, de l'huile essentielle. Mais attention, suivant la variété de plante, il existe deux chémotypes dont l'un présente une toxicité avérée. En effet, l'huile essentielle d'Hyssopus officinalis ssp. officinalis, contenant une forte quantité de cétones, est neurotoxique et abortive. Elle est donc interdite à la vente sauf prescription médicale.

Il existe également de l'huile essentielle d'Hysope dite "couchée" Hyssopus officinalis var decumbens, à très faible quantité de cétones, qui contient du 1,8 cinéole et qui peut donc être utilisée pour les affections broncho-pulmonaires.

Des adeptes de l'aromathérapie énergétique prêtent à l'huile essentielle d'Hysope couchée la faculté de développer l'intuition. Ainsi si vous désirez être davantage inspiré, voici un petit "rituel inspiratoire" .  Dans un espace calme, vous pouvez vous asseoir sur le sol, en tailleur ou en lotus (ou bien sur une chaise le dos bien droit et les deux pieds bien posés au sol). Vous appliquerez 2 à 3 gouttes d'HE d'Hysope couchée mélangées à 2 à 3 gouttes d'huile végétale dans la paume d'une de vos mains. Après avoir frotté vos mains l'une contre l'autre, vous les amènerez devant votre visage et vous ferez quelques respirations profondes. Ensuite, vous placerez vos mains paumes l'une contre l'autre et vous monterez vos bras au dessus de votre tête (ou bien vous poserez simplement vos mains sur vos jambes, paumes ouvertes, si cela est trop inconfortable) et vous resterez quelques instants en silence. Chut ! Ecoutez votre Muse ....

Il est vrai que l'Hysope est une plante "inspirante" à tous les points de vue. Pour la fin de mon article sur l'Hysope, je vous invite à partir en poésie avec Verlaine.

Merci de votre visite et à bientôt !

Philomènement vôtre.


mercredi 24 juillet 2013

Le parfum de l'Hysope des garrigues


"Mais la brise arrivait de l'au-delà. Sa nappe qui descendait des plateaux où poussent l'arnica sauvage, l'argeilas et l'hysope des garrigues, avait ramassé au passage tous les parfums cachés dans les petits vallons, blottis dans les creux tièdes, assoupis dans les moindres fissures du calcaire,...La montagne embaumait. Je ne résistai plus. Je passai le pont." 
Henri Bosco

Cette Hysope sauvage qui pousse encore dans les Alpes du Sud (surtout entre 1 000 à 1 500 mètres) se raréfie, car exposée à l'embroussaillement rapide et à l'installation des pins. Elle s'échappe parfois des cultures pour se ressemer au bord des champs secs et des routes. La variété cultivée, de plus grande taille, a un parfum plus fort et moins agréable que celui des formes sauvages. Mais comme l'Hysope a une souche fragile qui s'arrache facilement à la cueillette, laissez donc les sauvagines tranquilles et utilisez pour embaumer vos cuisines celle qui aura poussé dans votre jardin ou un jardin ami.

Pour prendre contact avec l'Hysope je vous propose quelques recettes toutes en simplicité, inspirées du livre "Découverte des Herbes de Provence" dans la collection "Carrés gourmands".

Nous commencerons le repas par une "Salade de haricots blancs à l'Hysope". Pour une tablée de 6 personnes, faites tremper 1/2 kg d'haricots blancs dans de l'eau froide pendant toute une nuit. Le lendemain vous les égouttez avant de les faire cuire à l'eau bouillante salée. Une fois cuits, passez-les sous l'eau froide et laissez égoutter. Dans un grand saladier vous préparerez une sauce avec une huile d'olive fruitée, le jus d'un demi citron, une gousse d'ail émincée, sel et poivre, auxquels vous ajouterez de nombreuses feuilles d'Hysope. Placez les haricots cuits sur le dessus et mélangez bien avant de servir.


Nous poursuivrons avec un lapin aromatisé à l'Hysope. Pour cette recette, il faudra au préalable avoir préparé du "Sel à l'Hysope". Ce n'est pas compliqué. Vous ferez sécher dans une poêle, à petit feu, du gros sel non raffiné puis vous le réduirez en poudre. De même, vous réduirez en poudre de l'Hysope séchée. Vous mélangerez une part de sel pour 5 parts d'Hysope. A stocker au sec.

Pour faire le "Lapin à l'Hysope", vous commencerez par frotter toutes les faces d'un lapin entier et vidé avec le sel d'Hysope, à laisser reposer sous un linge pendant 2 à 3 heures. Ensuite enveloppez le lapin avec 4 bardes de lard. Une fois ficelé placez-le dans un plat à four sur quelques branches d'Hysope. Arrosez-le d'un filet d'huile, saupoudrez de quelques feuilles d'Hysope et faites-le cuire à four chaud (thermostat 7) à raison de 20 minutes par 500 grammes.

Comme de nombreuses cousines aromatiques de la famille des Lamiacées, l'Hysope a quelques propriétés digestives, vous pouvez donc vous laissez aller tranquillement à ces plaisirs d'une table rustique !

Mais les vertus médicinales de l'Hysope ne s'arrêtent pas là. Elle a surtout acquis sa réputation comme puissant remède des affections des poumons. Je vous propose de vous en dire un peu plus dans la suite de mon article.

Merci de votre visite et à bientôt !

Philomènement vôtre.



dimanche 21 juillet 2013

A la découverte de l'Hysope


Originaire de l'Asie méridionale, l'Hysope a très vite conquis le bassin méditerranéen et les anciennes civilisations.

Ainsi l'Hysope est une plante sacrée des Hébreux. Elle est citée à nombreuses reprises dans la Bible dans les cérémonies de purification. Ces petites branches aux feuilles raides se prêtent bien à la fabrication d'un petit balai pour les aspersions.
"Purifie-moi avec l'Hysope, et je serai pur ..." Psaume (50,9)

C'est un tel pinceau d'Hysope que les Hébreux auraient utilisé pour marquer leurs portes du sang d'un agneau afin d'éviter que la mort ne l'ouvre et emporte leurs premiers-nés (dixième plaie d'Egypte, livre de l'Exode, XII, 22)

"Moïse convoqua tous les anciens d'Israël et leur dit : "Vous prendrez un bouquet d'Hysope et vous le plongerez dans le sang qui sera dans la cuvette, vous toucherez au linteau et aux deux jambages.[...] Quant à vous, nul ne sortira de la porte de sa maison jusqu'au matin.[...] ,alors le Seigneur ne permettra pas à l'exterminateur d'entrer dans vos maisons pour frapper."

Cette tradition est peut-être à l'origine du proverbe provençal : "Hysope dans le jardin chasse le médecin", c'est-à-dire la maladie et le risque de mort. Nous verrons dans la suite de l'article les propriétés médicinales de l'Hysope officinale (Hyssopus officinalis) connues depuis les temps les plus anciens.



Vous pouvez, vous aussi, cultiver l'Hysope dans votre jardin. Cette plante vivace forme un petit buisson de 20 à 50 cm qui fera belle figure en rocaille, en massif ou en bordure. Ses tiges nombreuses, semi-ligneuses portent de petites feuilles étroites. Ses  fleurs regroupées en épis sont de couleur bleue (parfois rose pourpre, voire blanche quelquefois en culture). Elle préfère les emplacements ensoleillés dans une terre plutôt sèche et bien drainée. On peut la cultiver en pot dans les régions où le climat est peu clément en hiver, car elle n'est rustique que jusqu'à -10°C. Elle nécessite alors un hivernage, à l'abri dans une pièce fraîche, jusqu'au printemps suivant. L'entretien est vraiment minime : nul besoin d'arrosage, sauf en cas de sécheresse prolongée, ou pour les sujets en pots. Seul impératif : une taille annuelle, après la floraison, pour que la plante demeure compacte et touffue, et pour favoriser la floraison l'année suivante.

L'Hysope est utile à proximité des arbres fruitiers, car c'est une plante mellifère qui attire les insectes pollinisateurs. Mais surtout cette plante aromatique, de la famille des Lamiacées, a sa place au potager. Ses feuilles et ses fleurs dégagent un parfum chaud, à la fois camphré, mentholé et épicé. La saveur de l'Hysope est particulière, amère, piquante et légèrement camphrée. Vous pourrez l'introduire dans votre cuisine pour réveiller les papilles. 

Au Moyen-âge, l'Hysope était associée à la Sauge pour assaisonner les soupes. En Provence, elle reste utilisée pour relever légumes et viandes. Et si nous allions maintenant faire un tour du côté des marmites et des popotes ...

Merci de votre visite et à bientôt !

Philomènement vôtre.


dimanche 7 avril 2013

Au bout de la fourche du diable



Dans la Gentiane jaune, c'est surtout sa racine qui est recherchée. Et bien, cette racine est à la hauteur de la vitalité de cette plante : charnue, elle peut atteindre 1,50 m et son poids varie de 500 g à 3 kg voire plus ! Aussi n'est pas "Gentianaire" (nom donné au récolteur de Gentiane) qui veut ! Pour arriver à extraire cette racine, les anciens pics, difficiles à manier, ont fait place à la "fourche du diable". Cet outil ressemble à une fourche à deux dents munie d'un repose-pied qui permet de l'enfoncer dans la terre, puis de faire levier grâce à son long manche.



Si vous voulez assister à l'arrachage de la Gentiane, pourquoi ne pas vous rendre dans le Cantal, à Riom-ès-Montagnes, où sont organisées des sorties découvertes. On vous apprendra à ne pas confondre la Gentiane jaune avec le Verâtre (toxique) qui présente des similitudes au niveau de l'allure générale (par contre ses feuilles sont disposées de façon alterne le long de la tige et ses fleurs blanches ou verdâtres sont réunies en long panicule). Vous pourrez faire un tour à l'espace Avèze pour une découverte de la fabrication de la liqueur éponyme, visite couronnée par une dégustation. Vous pourrez également faire la fête en compagnie des membres de la Confrérie des "Gençanaïres" tout de jaune et vert vêtus. Et pour visiter le pays alentour, pourquoi ne pas vous offrir un petit voyage dans le train touristique le "Gentiane express".

Pendant que vous êtes dans ce beau pays d'Auvergne, arrêtez-vous chez l'un ou l'autre des grands chefs de cette région., vous avez le choix sur le site suivant Les toques d'Auvergne


J'en ai extrait la recette suivante "Eruption mousseuse sur le parfait glacé à la Gentiane " proposé par Jean-Michel Gouzon de Salers. Les proportions sont pour 4 personnes. Pour le parfait glacé, vous ferez cuire 75 g de sucre au petit boulé (117°C) puis vous mélangerez avec 1 jaune d'oeuf jusqu'à complet refroidissement.  Vous ajouterez 125 cl de crème liquide et 5 cl de liqueur de Gentiane (Salers bien sûr !). Passez en sorbetière. Pour le biscuit à la noisette, vous mélangerez 60 g de beurre, 30 g de poudre de noisette, 30 g de sucre glace, 60 g de farine, 20 g de poudre d'amande pour obtenir une sorte de pâte brisée. Laissez reposer au réfrigérateur puis abaissez la pâte et découpez des ronds de la taille souhaitée. Cuisez à 150°C. Montez la crème fouettée. Disposez en "volcan" sur les assiettes.

Allez, en l'honneur de tous les Auvergnats d'un peu partout, je termine mon article sur la Gentiane par un extrait de la chanson "les fiancés d'Auvergne" que vous pouvez écouter sur le lien suivant : André Verchuren (et vive l'accordéon !)


"J'ai quitté mon cher pays
Mais j'ai laissé mon coeur
Dans mon Auvergne jolie
Parmi les bois, les monts, les vallées et les fleurs."



Pour la suite de mon dictionnaire Z'Amoureux des plantes, j'aimerai vous narrer une plante biblique, avec "H" comme l'Hysope.

Merci de votre visite et à bientôt !

Philomènement vôtre.


mercredi 3 avril 2013

La Fée jaune



Surfant sur les propriétés d'anti-fatigue reconnues de la Gentiane jaune, les liquoristes n'ont pas hésité à développer des  réclames comme on les appelait à l'époque (les publicistes étant alors des réclameurs ?) qui ne seraient plus du tout "politiquement correctes" de nos jours, associant notamment sport et alcool sans vergogne.

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Maintenant, nous sommes tous très raisonnables et nous savons que "Boire ou conduire, il faut choisir !"

Aussi je vous propose une recette d'apéritif maison à base de racine de Gentiane à savourer avec modération et à condition de ne pas prendre le volant ! Ce vin-apéritif à la Gentiane a l'avantage d'être parfumé et d'allier amertume et douceur. En plus, il est très facile à faire. Dans une récipient en verre d'un litre pouvant fermer hermétiquement, versez 1 litre de vin blanc sec (un Apremont va bien), vous ajouterez 5 g de racine de Gentiane sèche, 20 g d'écorce d'Orange amère (cela fait l'écorce d'une moitié d'Orange amère), 1 zeste d'orange douce bio (sans la partie blanche), 20 têtes de Camomille romaine, 1 gousse de vanille fendue en deux, 15 cl d'alcool de fruit à 40%vol, 200 g de sucre en poudre (vous pouvez essayer avec moins). Fermez et laissez macérer dans un placard pendant 5 à 6 jours. Filtrez, mettez en bouteille et conservez au frais.


Pour varier les plaisirs et pour ceux qui ne peuvent ou ne souhaitent pas prendre de l'alcool, Bernard Bertrand nous donne dans son livre "Des Gentianes et des hommes" la recette d'un sirop de racine de Gentiane. Pour le préparer, vous commencez par broyer 100 g de racine de Gentiane sèche, vous l'ajouterez à 1 litre d'eau et vous porterez à ébullition. Après avoir maintenu sur le feu quelques minutes, vous laisserez reposer 1 heure. Après avoir filtré, vous ajouterez 1 kg de sucre, le jus d'un citron, vous referez bouillir à gros bouillons pendant 10 minutes environ pour obtenir la consistance d'un sirop.

Avec ce sirop de Gentiane, vous pourrez concocter de la gelée de racine de Gentiane. Vous prendrez 1/2 litre du sirop auquel vous ajouterez 2 g d'agar-agar, le jus d'un citron et son zeste râpé, 1/2 cuillerée à café de Gingembre en poudre. A mettre en pots fermés et à conserver au frais.


Même si ce sont surtout les racines de la Gentiane qui sont utilisées, avec les graines de Gentiane jaune, il est possible de réaliser un cocktail sans alcool aux graines de gentiane. Vous mettrez dans une casserole : 1 litre d'eau, 1 cuillerée à soupe rase de graines de Gentiane jaune, 1 poignée de feuilles de Menthe sèches, 1 rondelle de citron et 1/2 cuillerée à café de Gingembre en poudre. Vous porterez à ébullition sur feu doux et vous laisserez bouillir 2 minutes. Sortez du feu et laissez infuser à couvert pendant 15 minutes. Filtrez, ajoutez 2 cuillerées à soupe de miel  et dégustez chaud ou froid.


Mais ce n'est pas tout, si vous avez la chance de vivre aux pays de la Gentiane, vous pourrez aussi utiliser ses fleurs. Voici, inspiré par le livre "Saveurs estivales de fleurs sauvages", un sirop de fleurs de Gentiane. Vous mettrez 3 ou 4 têtes de fleurs de Gentiane jaune dans un litre d'eau froide que vous porterez à ébullition, vous laisserez frémir 20 minutes. Après avoir filtré, vous ajouterez 1 kg de sucre, le gélifiant (agar-agar) et reporterez à ébullition pour une parfaite dilution. Laissez refroidir avant de mettre en bouteilles. Vous pourrez utiliser ce sirop pour aromatiser l'eau de boisson, parfumer un entremet ou pour réaliser un kir.

Et maintenant, parce que "Toute peine mérite Salers !" et que "L'Avèze est à l'Auvergne, ce que le whisky est à l'Ecosse !", j'aimerai vous emmener dans ce beau pays d'Auvergne pour terminer mon article sur la Gentiane.

Merci de votre visite et à bientôt !

Philomènement vôtre.



dimanche 31 mars 2013

L'amer qu'on voir danser...



La Gentiane jaune est une plante "tonique-amer".

Pour le Dr Henri Leclerc (1870-1955), médecin français ayant eu à coeur d'introduire de façon raisonnée les recettes traditionnelles de soins par les plantes auprès de ses malades, c'est le type de le plus parfait des toniques-amers : "Par sa composition chimique, la Gentiane réalise le type le plus parfait des amers purs; dépourvue d'astringence, elle tonifie sans irriter; son influence très nette sur la sécrétion salivaire lui permet d'impressionner les nerfs gustatifs et de contribuer à l'acte primordial qui est comme la condition sine qua non de la genèse de l'appétit".

Au titre de tonique-amer, la Gentiane possède des propriétés apéritives et digestives. C'est aussi un tonique général et elle possède des vertus fébrifuges. Ces propriétés lui viennent de sa capacité à tonifier les fonctions vitales de l'organisme et notamment le système digestif en stimulant les secrétions des sucs salivaires et des sucs gastriques, les fonctions hépatiques, ainsi que de sa capacité leucocytogène (augmentation des globules blancs).

La Gentiane sera donc prescrite en cas de manque d'appétit, de convalescence, pour aider à combattre la fièvre, prévenir les maladies infectieuses, améliorer les états de faiblesse générale et ... si tout le reste va bien ... redonner du tonus à la libido.



C'est la racine de la Gentiane qui est utilisée. Vous la trouverez séchée en morceaux dans votre herboristerie préféré.

Bien sûr, la racine de Gentiane est amère ! Il faut savoir le supporter. Cette amertume vient des principes amers qu'elle contient, des séco-iridoïdes. Parmi eux, deux détiennent le record d'être parmi les substances naturelles les plus amères au monde ! Ainsi pour ne plus détecter la saveur amère, il faut diluer l'amarogentine et l'amaroswerine, tous deux présents dans la racine de Gentiane, à 1/58 000 000 dans l'eau ! A titre de comparaison, la quinine (voir mon article sur le Quinquina) n'a un indice d'amertume que de 200 000 fois (dilution à 1/200 000 pour arriver à zéro amertume).

Dans l'histoire de la médecine, la Gentiane a d'ailleurs été prescrite pour aider à combattre les fièvres en remplacement du Quinquina lorsque les prix de celui-ci se sont mis à flamber sous la pression de la demande, et ceci avec des résultats très satisfaisants. Un mélange de plantes appelé "le fébrifuge français" était composé de Gentiane, de Camomille et d'écorce de Chêne.




Alors, sous quel mode peut-on la prescrire ? Et bien, si vous en avez le courage, vous pouvez tenter de chiquer un petit morceau de racine de Gentiane comme les montagnards d'antan ! Mais alors, un tout petit morceau et n'insistez pas si l'amertume est trop forte pour vous.

De façon tout aussi simple, vous pouvez mettre à macérer quelques rondelles de racine de Gentiane dans de l'eau pendant quelques heures et boire cette eau à la Gentiane au long de la journée. Une idée qui peut être reprise pour aromatiser l'eau de vos gourdes et vous soutenir dans vos longues randonnées. Allez-y doucement sur la quantité de Gentiane pour que cela reste buvable !

Vous pouvez aussi vous préparer une tisane de Gentiane, sous forme d'infusion en mettant environ 2 g de racine de Gentiane sèche dans 200 ml d'eau bouillante pendant 10 minutes à couvert et hors du feu. L'acidité d'un jus de citron peut aider à supporter l'amertume.

Il vous est possible également de faire une teinture de Gentiane, en mettant 30 g de racine sèche de Gentiane dans un litre d'alcool pure à 45° et en laissant macérer pendant 30 jours, puis filtrez. A prendre à raison de 20 à 30 gouttes dans un verre d'eau avant le repas pour dynamiser l'appétit et stimuler la digestion.

Une administration traditionnelle se fait sous la forme de vin de Gentiane. Pour le préparer, vous mettrez à macérer pendant 10 jours 30 g de racine de Gentiane sèche dans un litre de bon vin blanc, puis filtrez, ajoutez 100 g de sucre. A prendre à raison d'un petit verre à Madère avant le repas. Ch'est bon pour ce qu'on a mais Ch'est fort !

Une préparation pharmaceutique comprenant de la Gentiane mais aussi du Quinquina, de l'Orange amère, du Kola, de la Cannelle, du Quassia de la Jamaïque,  a même réussi à embaucher les fameux Shadocks pour un "spot" publicitaire :




Nous allons voir que l'on peut aussi préparer avec la Gentiane des liqueurs savoureuses et qui conservent un effet bénéfique sur l'appétit et la digestion à condition d'être consommées avec modération bien sûr.

Pour cela, suivez-moi auprès de la Fée jaune .....


Merci de votre visite et à bientôt !

Philomènement vôtre.