dimanche 3 février 2013

La plante qui sauva Enée


Énée (en grec ancien Aineias) est un héros légendaire de la mythologie grecque, récupéré allègrement par la mythologie romaine. Il est chanté par Homère dans l’Iliade et le poète latin Virgile lui consacra l'Enéide. C'est le fils d'Aphrodite (Vénus pour les romains) et d’Anchise un mortel prince troyen dont la déesse s'éprit en raison de sa beauté. Enée est l’un des héros de la guerre de Troie. Lors d'un combat, il fut mortellement blessé mais sa mère Aphrodite le sauva en lui apportant du Dictame pour guérir ses blessures. Il est dit que grâce à cette plante la flèche sortit de la blessure et les douleurs cessèrent.


Une ancienne tradition reprise et colportée par de nombreux auteurs, raconte d'ailleurs que si une chèvre est blessée par la flèche d'un chasseur, elle se précipite pour brouter du Dictame et qu'ainsi la flèche tombe d'elle-même ! Les chèvres sauvages de Crète ne m'ont pas fait l'honneur d'une démonstration. Elles se sont contentées de m'observer du haut d'un rocher avant de détaler au moindre mouvement !

Jarres minoennes


L'histoire des civilisations regorge de mythes et de traditions évoquant les propriétés miraculeuses des plantes. Ainsi le fils de Minos, roi légendaire de Crète, qui s'était perdu dans le palais de son père, était tombé dans une jarre où il s'était noyé. Il fut ramené à la vie par Polyeidos, un célèbre devin, grâce à une plante que personne hélas ne put redécouvrir. Et non, ce n'est pas le Dictame ! Malgré les nombreuses vertus que lui prêtent les Crétois, le Dictame n'est pas cette plante d'immortalité !



La déesse aux pavots (2ème en partant de la droite) 1200 av JC
Musée archéologique d'Héraklion
Pour rester dans le monde des plantes et des dieux, les mythes et les usages sont  souvent entremêlés. Ainsi  les Minoens, créateurs de la remarquable civilisation de la Crète entre 2800 et 1450 av. JC, représentaient l'une de leur divinité avec des Pavots sur la tête. L'opium est un somnifère d'usage extrêmement ancien utilisé en particulier pour anesthésier. Plus tard dans la Grèce classique, on marquait les pains rituels offerts à Démeter, déesse de l'Agriculture, de sceaux figurant la tête d'un Pavot. Or la fille de Démeter, Perséphone, vivait la moitié de l'année dans le palais de Pluton, dieu de l'éternel sommeil tandis que le Pavot est la plante qui fait dormir. Une analogie du plus bel effet !




Fidèle aux traditions antiques, en Crète, la médecine populaire continue à utiliser le Dictame pour soigner les blessures. Il faut dire que sa forte teneur en essence, dont la composante principale est le carvacrol  (60% à 80%) lui confère une grande action anti-microbienne. Il est possible d'en faire des cataplasmes avec les sommités fleuries broyées. Le Dictame est aussi utilisé en cas de refroidissement et contre les maux de gorge. Considéré comme une panacée, ses prescriptions traditionnelles sont très larges, par exemple pour soulager les maux d'estomac. L'utilisation la plus courante est l'infusion.

Avec votre Dictame de Crète (Origanum dictamnus), vous pourrez préparer une tisane avec 200 ml d'eau bouillante et une cuillerée à soupe de plante sèche que vous laisserez infuser 10 minutes. Vous pouvez en prendre deux à trois fois par jour en traitement d'attaque puis passer à une fois par jour pour consolider l'effet.

Avant de passer à la suite de mon article, je ne peux résister à l'envie d'évoquer Didon, reine de Carthage dont notre fameux Enée tomba amoureux. Je vous propose d'améliorer votre diction en répétant devant le miroir de votre salle de bains : "Didon, dînât, dit-on, du dos d'un dodu dindon." !


Merci de votre visite et à bientôt !

Philomènement vôtre.



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